Voici quelques (6) bonnes stratégies de gestion des déchets à mettre en pratique.

1. Valoriser ses matières résiduelles

La matière organique est faite de détritus qui sont biodégradables par les microorganismes. Néanmoins, ce n’est pas parce que les microorganismes s’en régalent qu’on doit leur en servir pour le lunch. Mais comment des pelures de fruits ou de légumes, des écailles de noix, des coquilles d’œuf ou de crustacés pourraient-elles déranger la nature? Et pourquoi la faune ne se nourrirait-elle pas de nos restes de table, des miettes que nous laissons tomber, ou des débris de nourriture que nous déversons avec notre eau de vaisselle?

En fait, c’est très simple : chaque écosystème produit tout ce dont il a besoin pour maintenir son équilibre. Ainsi, tout élément qui ne provient pas d’un écosystème donné ne devrait pas y être introduit par les humains. Comme la nature se débrouille très bien par elle-même, nous pouvons garder nos détritus organiques pour nous. Ils trouveront leur utilité en étant récupérés et compostés, pas en servant d’aliments aux animaux.

Trier vos matières résiduelles est le premier geste à poser pour réussir à gérer aisément vos déchets organiques en voyage. Tout d’abord, munissez-vous de deux récipients hermétiques et identifiez-les bien :

  • Vous pouvez prévoir un troisième récipient dans lequel vous placerez les imprimés, les emballages et les contenants alimentaires que vous n’aurez pas récupérés avant de partir.
  • Les matières dangereuses, telles que des piles ou des bombonnes de combustible à réchaud, seront conservées à part.
  • le premier servira à la récupération de la matière organique,
  • le deuxième à la collecte des déchets ultimes (par exemple, les restes de viande, la graisse de cuisson, les plastiques non récupérables)

L’expérience aidant, vous apprendrez à déterminer la bonne taille de récipients à apporter selon la durée de votre séjour et la taille de votre groupe. Si vous optez pour des sacs plutôt que pour des contenants rigides, assurez-vous de les doubler pour prévenir les risques de fuite. Optez pour un sac étanche réutilisable, du genre sac au sec, comme enveloppe extérieure afin de limiter l’utilisation de sacs de plastique à usage unique. Recyc-Québec a rédigé un Guide d’utilisation des sacs pour faciliter les choix parmi la multitude de sacs dits biodégradables et compostables qui sont disponibles sur le marché.

Au besoin, quelques poignées de litière de bran de scie ou d’autres résidus végétaux suffiront pour absorber les odeurs et les liquides de vos résidus organiques. Recherchez une litière écologique et biodégradable auprès des boutiques d’articles pour animaux.

2. Récupérer à la maison

Une collecte à trois voies doit permettre de traiter séparément les matières compostables et les matières récupérables, tout en envoyant au dépotoir les rebuts dont on ne peut rien faire. David Lapointe est le directeur général du parc régional de la Forêt Ouareau. Il est également le directeur de la Société de développement des parcs régionaux de la Matawinie, un regroupement de sept parcs situés dans la région de Lanaudière. Interrogé sur la collecte de déchets, il explique ainsi la situation : « Aujourd’hui, nos visiteurs ont des attentes auxquelles nous ne sommes pas capables de répondre. L’idéal serait de pouvoir offrir la collecte à trois voies dans nos parcs, mais il faudrait qu’elle soit d’abord en place dans les municipalités. Or, les municipalités n’ont pas toujours la densité de population nécessaire pour offrir le service de collecte. »

Dans un parc où l’organisme gestionnaire a été en mesure de mettre en place des bacs de récupération, c’est une affaire de rien d’y vider le contenu de vos récipients. Lorsque de telles installations sont absentes, rapportez le tout à la maison. Le service qui est offert dans votre localité est votre meilleur choix.

Réduire le poids financier qu’entraîne la gestion de nos déchets est une bonne façon de minimiser l’impact de nos excursions sur les territoires et les collectivités qui nous accueillent. C’est possible d’y arriver en utilisant nos services de collecte à domicile plutôt que d’imposer des coûts supplémentaires aux systèmes de gestion qui se trouvent sur nos itinéraires.

>> Consultez notre infographie : Bac de récupération en plein air pour savoir quoi mettre dans le bac.

3. Rapporter ce qu’on a apporté

À la Forêt Ouareau, des poubelles qui débordent, David Lapointe en voit trop à son goût. Les conteneurs à déchets sont situés dans des lieux qui ne sont pas contrôlés. Selon lui, on vient des alentours y jeter pêle-mêle des matériaux et des objets en tout genre qui devraient plutôt prendre le chemin de l’écocentre. Dans d’autres parcs, c’est l’affluence des visiteurs qui entraîne une surutilisation des poubelles. Dans les deux cas, des déchets sont souvent laissés au sol faute de place. Résultat : Les terrains sont jonchés de bouteilles, d’emballages et de contenants souillés, ce qui attire les ravageurs.

Rapporter systématiquement vos déchets reste donc la meilleure approche. Vous pouvez aussi :

  1. Améliorer vos préparatifs pour éviter de jeter de la nourriture.
  2. Planifier vos menus et la méthode de cuisson appropriée.
  3. Limiter la quantité d’aliments périssables et les manger rapidement.
  4. Bien calculer vos portions et prévoir des contenants réutilisables pour ramener les surplus.
  5. S’approvisionner localement.

4. Mettre la matière organique à l’abri

Les matières organiques que nous laissons à l’abandon dans le sol comme dans l’eau sont loin d’être inoffensives. Quel que soit leur état de décomposition, elles demeurent tout aussi alléchantes pour les animaux. Un animal qui a l’habitude de trouver des traces d’aliments sur un site de pique-nique ou de camping y retournera régulièrement.

À leur état habituel, les animaux sont craintifs envers les humains. On dit même des ours noirs qu’ils sont naturellement plutôt timides. En associant les humains à la nourriture, les animaux deviennent plus insistants et démontrent une agressivité inhabituelle. Un animal n’hésitera pas non plus à s’attaquer à une tente ou un sac à dos pour se procurer une chose dont il a humé le parfum. Ces comportements, créés par l’humain, obligent les gestionnaires de parcs à prendre des mesures assez radicales, notamment face aux animaux qui présentent une menace pour la sécurité des visiteurs. Ces mesures peuvent aller jusqu’à l’euthanasie si d’autres moyens s’avèrent inefficaces.

Les animaux trouvent dans leur écosystème tout ce qu’il leur faut pour se maintenir en santé. Ils se débrouillent très bien sans nous et n’ont pas besoin de nos aliments, qui ont même des effets pervers en causant des caries dentaires, l’infection des gencives, des ulcères, etc. Les gestionnaires de parcs tentent de maintenir les animaux à distance pour préserver la sécurité et la qualité de l’expérience des visiteurs. Ils sont aussi responsables de protéger la santé et la vie de la faune. David Lapointe donne l’exemple du camping de la Baie du Milieu, au parc régional du Lac Taureau, où les déchets sont rangés à l’intérieur d’un enclos pour que les corbeaux n’y aient pas accès.

Tout, absolument tout ce qui dégage une odeur doit être rangé de jour comme de nuit. Les coffres des véhicules ou les casiers d’entreposage offerts dans les parcs sont les options les plus sécuritaires. Si vous êtes adepte de longue randonnée, entreposez vos aliments dans un sac étanche et assurez-vous de maîtriser parfaitement les techniques d’accrochage. Sinon, un baril portable à l’épreuve des ours et homologué par les autorités qualifiées est la solution de rechange la plus reconnue. Les sept principes Sans trace vous en apprendront davantage à ce sujet.

5. Ne pas prendre son feu de camp pour un incinérateur

Le feu de camp ne doit pas servir à brûler des emballages et des contenants utilisés pour le transport de la nourriture. Au contact du feu, ils vont dégager des fumées toxiques qui s’additionneront aux polluants générés par la combustion du bois. Le feu de camp ne peut pas non plus vous débarrasser de vos rognures, de vos restes de table ou de la graisse de cuisson. La température du feu n’est souvent pas assez élevée pour tout brûler, et c’est le prochain visiteur qui découvrira vos résidus à travers les cendres. Les odeurs de nourriture risqueront d’allécher des ravageurs. Ne vous méprenez pas, l’odorat des animaux est redoutable. La perspective d’un bon repas peut les inciter à franchir de grandes distances.

Rapporter vos déchets demeure la solution pour ne pas laisser de traces. D’autant plus que la SOPFEU et les municipalités émettent de plus en plus fréquemment des interdictions de faire des feux à ciel ouvert. Au printemps 2021, l’interdiction s’est étendue sur un mois en raison d’un indice d’inflammabilité extrême. Les campeurs qui n’avaient pas prévu le coup étaient bien contents de pouvoir louer un poêle à butane à l’un ou l’autre des postes d’accueil du parc régional de la Forêt Ouareau.

6. Récupérer les emballages et les contenants alimentaires

Le plastique est l’un des polluants les plus envahissants et persistants. Un rapport du Grand nettoyage des rivages canadiens révèle que nos habitudes de consommation d’aliments se reflètent sur les rives de nos fleuves, rivières et lacs. On y apprend que « les proportions d’articles d’emballages alimentaires (bouchons de bouteille, cannettes, gobelets de café, pailles et autres) ont presque doublé! Ils représentaient 15,3 % de tous les déchets ramassés en 2019, mais ont bondi à 26,6 % en 2020 ».

Selon Recyc-Québec, 65 % du plastique que nous générons se retrouve dans des sites d’enfouissement. Une bouteille de plastique peut prendre jusqu’à 1 000 ans pour se dégrader dans un dépotoir. Une bouteille de plastique qui traîne dans la nature se décomposera en particules de moins de 5 cm parce qu’elle est fabriquée avec des ingrédients chimiques synthétiques comme le polyéthylène téréphtalate (PET), que les microorganismes ne peuvent pas consommer. Les poissons, les oiseaux, les tortues et d’autres espèces peuvent confondre ces microplastiques avec de la nourriture au point de souffrir de malnutrition. Ils risquent également de se blesser ou de s’étouffer avec les sacs, les emballages et les contenants de plastique, ou encore de s’y enchevêtrer.

Utilisez votre troisième sac ou récipient pour y entreposer les emballages et les contenants alimentaires de plastique à usage unique. Ils ont été utiles pour conserver et transporter vos aliments. C’est maintenant le temps de les valoriser s’ils sont récupérables.

Laissons le mot de la fin à David Lapointe : « Participer à la préservation des milieux naturels demande une certaine fierté, pas nécessairement des poubelles partout. » On ne peut qu’être d’accord.

Bon voyage!

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